On avait fait tuer tous les chiens de la ville, on l'avait fait parce qu'on estimait qu'ils abritaient le diable dans leurs museaux. Le maire et tout le conseil municipal avait pris cette décision à l'unanimité. En temps de terrorisme, on ne lésine pas, on tranche dans le vif, avait déclaré sur un ton péremptoire le maire, il avait même ajouté:
- Je m'inspire d'une phrase d'un ancien président de la république que pourtant je combattais farouchement à l'époque, notre ville, tu l'aimes, ou tu la quittes!
Globalement il n'y avait plus de débats, on sortait la carte "état d'urgence" quand un opposant faisait des raisonnements, du genre, oui mais la liberté est en danger, on ne peut pas la brûler sur l'autel de la sécurité. Il se prenait des "ta gueule" dans la tronche, on lui crachait dessus et on terminait en lui disant, toi, t'es un mauvais français, t'aimes pas notre ville non plus, on devrait peut-être envisager la lapidation, et on entendait des hourras, des applaudissements, et des cris de haine.
- Butez-le! C'est à cause de gars comme lui que notre ville devient une poubelle qui ramasse tous les déchets que les autres villes veulent pas!
Après tout, on avait élu ce maire-là pour qu'il fasse le boulot, qu'il débarrasse la ville de la racaille et qu'il donne du boulot seulement aux bons citoyens. Et il y en avait plein les bars de bons citoyens qui attendaient qu'on leur donne les postes occupés par les barbares venus salir la belle ville de B...